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Perspectives économiques au Tchad

Développements macroéconomiques récents

En 2022, l’économie tchadienne a renoué avec la croissance, après une récession en 2020 et 2021, avec un taux de croissance de 2,4 %, contre 1,1 % et –2,2 % en 2021 et 2020. Cette performance résulte principalement de la reprise de la production pétrolière tirée par la hausse des cours mondiaux et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie1. Du côté de la demande, la croissance a été tirée principalement par les exportations et, dans une moindre mesure, par la consommation des ménages. Le taux d’inflation a été de 5,3 % en 2022 contre –0,8 % en 2021, en raison de l’inflation mondiale, plus particulièrement des denrées alimentaires. À fin décembre 2022, le taux d’inflation sur les céréales a été de 18,4 %. Le solde budgétaire a été excédentaire à 0,5 % du PIB, contre –2,4 % en 2021 grâce à d’importantes recettes pétrolières.

Avec un ratio de dette publique/PIB de 55,9 %, en 2021, dont 25,5 % de dette extérieure et 30,4 % de dette intérieure, le Tchad demeure un « pays à risque d’endettement élevé ». Le Tchad a été parmi les premiers pays à bénéficier de ISSD (Initiative pour la suspension du service de la dette). La composition de la dette publique extérieure a considérablement évolué avec une part importante de dette commerciale (Glencore). La deuxième renégociation de la dette Glencore en novembre 2022 a permis la conclusion du programme du FMI. Le solde courant ressort excédentaire à +0,5 % en 2022 contre –4,5 % en 2021. Il convient de noter que l’inflation mondiale est à l’origine de la dégradation des conditions de vie des ménages pauvres, aggravée par les inondations de 2022, qui ont touché plus de 340 000 personnes.

Perspectives et risques

Les perspectives économiques s’annoncent bonnes avec des taux de croissance attendus de 3,6 % en 2023 et 3,7 % en 2024, toujours nourris par la bonne dynamique du secteur pétrolier. Le Tchad enregistre depuis 2020 une position budgétaire relativement soutenable à moins de 3 % du PIB. Le solde budgétaire devrait être positif à 6,1 % et 5,3 % respectivement, en 2023 et 2024. Après la deuxième renégociation de la dette Glencore de 2022, le Tchad devrait retrouver un profil de « pays à risque d’endettement modéré » à l’horizon 2024, selon le FMI. L’inflation entamerait une phase déclinante pour atteindre +3,5 % en 2023 et +3,2 % en 2024, proche ainsi de la norme communautaire de 3 %. Pour le compte courant structurellement déficitaire au Tchad, il ressortirait négatif en 2023 et 2024 à –1,2 % et –4,4 %, en raison d’importantes importations de produits alimentaires aux coûts élevés. Rappelons que le FMI a approuvé en janvier 2023 les première et deuxième revues de la FEC approuvée en décembre 2021 pour 570 millions d’USD. Toutefois, ces bonnes perspectives restent fragiles en raison de la dégradation des conditions de vie des ménages pauvres affectés par l’inflation mondiale et une forte exposition du pays aux effets du changement climatique, à la volatilité des cours du pétrole et aux chocs politiques et sécuritaires.

Changement climatique et options de politiques publiques

Les changements climatiques sont un problème majeur pour le Tchad, pays très exposé aux effets négatifs qui en découlent. Le Tchad a soumis sa CDN révisée en octobre 2021. L’estimation des besoins de financement cumulés pour répondre de manière adéquate au changement climatique est d’environ 16 394,88 millions d’USD, soit un besoin annuel de financement climatique de 1 490 millions d’USD. Le Tchad a déjà mis en place un Fonds spécial pour l’environnement (FSE). Le financement climatique privé est encore très faible dans le pays en dépit de l’important potentiel de financement climatique privé dont il dispose. Au-delà de la responsabilité sociale des entreprises, le secteur extractif, principal moteur de l’économie, représente un énorme potentiel de financement vert au Tchad. Par exemple, ces entreprises extractives pourraient contribuer au financement des infrastructures vertes pour combler l’énorme déficit d’offres d’électricité. En effet, le renforcement de la gouvernance du secteur extractif contribuera à améliorer les recettes publiques en vue du financement de l’économie verte. Le Tchad dispose d’importantes ressources et, par conséquent, d’un stock important de capital naturel, notamment des gisements pétroliers et gaziers, des minerais, un potentiel d’énergie solaire et éolienne et le lac Tchad, qui constitue un écosystème régional très important pour la survie des populations riveraines.

Source : Perspectives économiques en Afrique (AEO) 2023

Perspectives économiques en Afrique2023

 Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique