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Les ministres des Finances africains en conclave à Tunis

22-nov-2005

Les ministres des Finances africains sont en conclave consultatif de deux jours à Tunis pour réfléchir sur des questions de développement nationales et régionales dans le cadre des grandes initiatives globales de soutien à l’Afrique.

Cette conférence ministérielle ad hoc, organisée par la Banque africaine de développement (Bad) en étroite collaboration avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et l’Union africaine, était présidée par le président du Conseil des gouverneurs de la Bad, M. Seydou Bouda (Burkina Faso).

Les discussions ont porté, aujourd’hui, sur l’initiative d’annulation de la dette et les défis du financement des Objectifs de développement du millénaire, sur les besoins en infrastructures, particulièrement les projets d’intégration régionale, sur l’impact et les implications politiques de la hausse des prix du pétrole en Afrique ainsi que sur les négociations commerciales du round de Doha qui auront lieu le mois prochain à Hong Kong.

Dans son discours d’ouverture, le président de la Bad, M. Donald Kaberuka, a déclaré que les douze derniers mois ont été riches en événements pour l’Afrique et pour la Bad. Il a ainsi relevé une multiplication des initiatives en faveur de l’Afrique telles que l’annonce, à Gleneagles, de la dette due à la Banque mondiale, à la Banque africaine de développement et au FMI des pays ayant atteint le point d’achèvement au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, une initiative qui a renforcé la croissance économique et la bonne gouvernance.

« Nous devons consolider ces acquis partout en Afrique, en persévérant dans la mise en œuvre des politiques économiques rationnelles et prudentes et en maintenant le cap de nos réformes économiques. L’objectif que nous visons, en fin de compte, est de réaliser une croissance économique plus rapide et une intégration efficace dans le commerce et l’investissement mondiaux », a-t-il déclaré.

Les évolutions sur la scène africaine continuent de nous offrir de bonnes raisons d’être optimistes, a apprécié M. Kaberuka, soulignant à cet effet l’augmentation des taux de croissance, l’amélioration générale de la gouvernance et la raréfaction des conflits politiques dans la région. A cet égard, il s’est félicité de la récente élection par le peuple du Liberia de Mme. Ellen Johnson-Sirleaf, première femme chef d’Etat en Afrique.

Si ce n’est certes pas la première fois que l’Afrique est l’objet d’un grand élan de solidarité de la part de la communauté internationale, le président de la Bad a estimé qu’« une grande opportunité s’offre à nous qui appelle à une réaction concertée. La situation nous interpelle en tant que Ministres des finances, gardiens de nos budgets nationaux et chargés de la mobilisation des ressources. »

Il a ainsi déclaré que les institutions comme la Bad sont appelées à prendre les devants pour traduire les promesses en engagements pratiques, en identifiant des opportunités d’investissements, mais aussi en veillant à une planification et à une coordination rigoureuses ainsi qu’à une synergie entre les institutions.

Le secrétaire exécutif de la CEA, M. Abdoulie Janneh, a quant à lui estimé que la Bad, l’Union africaine et son institution exploraient les moyens d’optimiser le partenariat avec les pays de manière à mieux accompagner les efforts des gouvernements visant à relever les défis du continent. Cela, a-t-il dit, pourrait se faire « en revitalisant notre secrétariat commun ainsi qu’en harmonisant et rationalisant nos réunions formelles et informelles respectives ».

M. Janneh a relevé que cette réunion intervenait dans une conjoncture critique où l’Afrique redouble d’efforts pour accélérer le développement et la réduction de la pauvreté.

Le défi majeur que l’Afrique doit relever, a-t-il indiqué, « est d’accélérer la mise en place d’une croissance équitable pour atteindre els objectifs de développement du millénaire, d’accroître la part du continent dans le commerce international et les flux de capitaux, de faire face au problème de la dette, d’améliorer la qualité de la gouvernance… sans oublier d’alléger le lourd fardeau des maladies, notamment le VIH/sida et la malaria. »

Se référant à l’une des questions à l’ordre du jour, il a indiqué que la nécessité d’une rapide inversion du déclin de la part de l’Afrique dans le commerce mondial, qui a chuté de 5% il y a deux décennies à 2 % à l’heure actuelle. Chaque part de pourcentage perdu dans le commerce mondial représente 44 milliards de dollars de revenus partis en fumée, a-t-il martelé.

Le président de la conférence, M. Seydou Bouda, a pour sa part, souligné l’intérêt stratégique de la réunion de Tunis qui doit permettre aux ministres d’évaluer de façon approfondie les conditions d’éligibilité à l’allègement de la dette.

Soulignant l’importance du commerce international pour le continent africain, il a rappelé que « les pertes subies par les pays africains producteurs de coton, du fait des subventions déloyales pratiquées par les pays riches, sont largement supérieures aux bénéfices liés à l’annulation de la dette. »

Intervenant à son tour, le ministre tunisien des Finances, M. Mohamed Rachid Kechiche, a souligné que la dette pèse de manière négative dans l’efficacité des politiques et stratégies et dans les efforts de ces pays pour enclencher et entretenir un cycle vertueux de croissance et de développement.

Lors d’un point de presse ponctuant la première journée de consultations, le ministre sud-africain des Finances, Trevor Manuel, et son homologue nigériane, Mme Ngozi Okonjo-Iweala, se sont félicités de l’initiative de la Bad et ont déclaré que les institutions devraient jouer un rôle plus marqué non seulement dans la mobilisation du soutien à l’Afrique mais également en se faisant le porte-voix de l’Afrique sur les grandes questions internationales.

Participent à cette réunion des représentants de la Banque mondiale, de l’Institut Afrique-Amérique, du FMI, du secrétariat du Nepad et d’autres organisations régionales.

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