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Crise du chômage chez les jeunes en Afrique : des experts de haut niveau estiment que le secteur prive est un acteur essentiel dans la solution

08-juin-2011
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Plusieurs experts africains se sont réunis pour débattre à Lisbonne, le 8 juin 2011, des solutions à l'un des problèmes les plus pressants de l'Afrique, le chômage des jeunes. C’était dans le cadre des Assemblées annuelles du Groupe de Banque africaine de développement, qui se tiennent au Portugal.

Bien qu’ayant des points divergents  au séminaire de haut niveau sur le chômage des jeunes en Afrique, ils sont tous convenus d'une chose : le secteur privé en Afrique a un rôle clé à jouer dans la résolution de l'un des problèmes économiques les plus graves que connaît le continent aujourd'hui.

Les jeunes représentent environ 35% de la population africaine en âge de travailler. Le chômage les frappe durement. Au Ghana par exemple, le taux de chômage est en moyenne de 8,7 pour cent. Mais chez les jeunes, il monte jusqu’à 31,7 pour cent. La situation est encore pire en Sierra Leone, où le chômage des jeunes est de 52,5 pour cent, par rapport à la moyenne nationale de 10,2 pour cent.

Ils continuent parfois à souffrir, même s’ils trouvent un emploi, car, dans certains pays les salaires sont extrêmement bas.

De plus en plus de jeunes diplômés arrivent sur le marché du travail. Le nombre de ces diplômés en Afrique sub-saharienne a plus que triplé entre 1999 et 2009, passant de 1,6 millions à 4,9 millions. Et ce chiffre atteindra pratiquement le double en 2020, soit 9,6 millions de jeunes.

Mais, en raison en partie de leur nombre croissant, les diplômés quittent les universités sans emploi qui les attendent. Une autre raison,  c’est que beaucoup parmi eux ont choisi des filières  moins professionnelles, comme les sciences sociales, plutôt que des formations diplomantes techniques.

Mme Obiageli Ezekwesili, vice-présidente pour la Région Afrique à la Banque mondiale, a fait remarquer que la situation du chômage est encore plus surprenante, étant donné les taux élevés de croissance économique observés récemment en Afrique. « Nous avons eu durant la dernière décennie des taux de croissance se situant à près de 6 pour cent partout, mais il y a encore 50 pour cent de pauvreté pernicieuse. »

Même si le problème a déjà pris des proportions immenses, il pourrait encore empirer. Mme Ezekwesili a fait savoir qu’entre 7 et 10 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail en Afrique chaque année, et ce marché ne croît pas assez rapidement pour les accueillir.

Sur les jeunes qui ont un travail, a-t-elle indiqué, entre 70 et 80 pour cent sont employés dans l'agriculture. S’intéresser à l'agriculture, a-t-elle ajouté, serait la «prochaine grande chose» à faire en Afrique. Souvent, ces emplois sont peu rémunérés et peu productifs.

Seulement environ 10 pour cent de la population de jeunes travailleurs ont en fait un emploi dans le secteur formel, a-t-elle fait observer.

Un autre intervenant, Paulo Gomes, associé gérant de Constelor Group, et ancien administrateur de la Banque mondiale, a présenté une approche à trois volets de ce problème.

Tout d'abord, un sentiment d'urgence doit entourer la situation des jeunes sans emploi. Ce sentiment, à ce qu’il pense, est absent dans la majeure partie de l'Afrique. En deuxième lieu, les acteurs devaient sortir des sentiers battus et ne pas compter sur des recettes déjà essayées. Par exemple, a-t-il soutenu, l'Afrique ne peut pas s’en remettre uniquement au marché pour créer des emplois.

En troisième lieu, il est temps de s'éloigner des macro-politiques pour se tourner plutôt vers les micro-politiques et des méthodes de création d’emplois plus réduites, à l’échelle locale.

M. Gomes a poursuivi en disant que les petites et moyennes entreprises (PME) sont un moyen de créer un «réservoir d'emplois ». Toutefois, a-t-il noté, il ne voit pas beaucoup de PME se créer en Afrique autour des grands projets chiffrés à plusieurs millions de dollars qui voient le jour sur le continent.

« Il ne se passe rien. Nous devons pousser les entreprises à donner des contrats aux compagnies africaines » a-t-il plaidé. Le secteur privé doit travailler avec la société civile. Les gouvernements ont également un rôle à jouer : «Nous avons besoin d'Etats très pro-actifs ».

Pour un autre intervenant, Jean Kacou Diagou, président du Groupe ivoirien d'assurances, NSIA, une partie du problème, c’est que de nombreux pays n'ont pas une vision de long terme, mais uniquement des politiques de court terme. Le secteur privé devrait faire partie de la solution. L'Afrique a maintenant développé un secteur privé. «Au lendemain des indépendances, nous n'en avions pas », a-t-il déclaré.

«Nous devons impliquer le secteur privé. Le secteur privé crée de la richesse et des emplois », a  ajouté M. Diagou. Plus encore, les gouvernements et les autres institutions doivent impliquer le secteur privé dans le développement. « On ne lui prête pas assez d'attention pour voir comment il prévoit le développement », a-t-il conclu.

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