Vous êtes ici

Perspectives économiques au Maroc

Évolutions macroéconomiques et financières récentes

Le PIB réel a augmenté de 1,1 % en 2022, en baisse par rapport à la reprise dynamique de 2021 (7,9 %). La valeur ajoutée agricole a chuté de 15 % par rapport à 2021 à cause de la pire sécheresse de ces 40 dernières années. Les secteurs manufacturier, du tourisme et des transports ont enregistré de bons résultats. La sécheresse et l’inflation ont plombé la consommation des ménages, tandis que les investissements directs étrangers (IDE) ont augmenté de 31,5 % et les investissements publics de 20,6 %. L’inflation a fortement augmenté, passant de 1,4 % en 2021 à 6,6 % en 2022, sous l’effet d’une inflation alimentaire de 11 % et d’une hausse des prix des produits de base. Depuis 2022, la banque centrale a relevé son taux d’intérêt directeur de 1,5 point de base, pour le porter à 3 %. Les mesures visant à atténuer les tensions inflationnistes ont entraîné une hausse des dépenses budgétaires en 2022, mais le déficit budgétaire a été ramené à 5,1 % du PIB, contre 5,9 % en 2021, grâce à des recettes fiscales importantes.

La hausse des prix des produits de base a plombé le déficit de la balance courante, qui s’est creusé pour atteindre 4,6 % du PIB en 2022, contre 2,3 % en 2021. Le crédit au secteur privé a augmenté en 2022, pour atteindre 67 % du crédit total. Cependant, les petites et moyennes entreprises, qui représentent 74 % de l’emploi, n’ont reçu que 12 % des prêts bancaires. Les réserves de change ont atteint 6 mois de couverture des importations à la fin de 2022. En 2022, les proportions de personnes vivant dans la pauvreté (4,9 %) et vulnérables à la pauvreté (12,7 %) ont retrouvé leurs niveaux de 2014 en raison de l’inflation et de l’impact de la sécheresse sur les revenus agricoles.

Perspectives et risques

La croissance du PIB devrait atteindre 3,3 % en 2023–24, sous l’effet d’une reprise de l’agriculture. La croissance du PIB hors agriculture devrait rester modeste, à 2,7 %, en raison du ralentissement économique mondial attendu. L’inflation devrait ralentir à 5,4 % en 2023 grâce à une production agricole plus élevée. Cependant, la banque centrale pourrait encore relever son taux directeur. Le déficit budgétaire devrait diminuer, quoique lentement, grâce aux réformes en cours de la Sécurité sociale. Le déficit de la balance courante devrait baisser à 4,4 %, en raison de la baisse attendue des prix de l’énergie en 2023. De faibles précipitations pourraient affecter la production agricole ainsi que le taux de remplissage des barrages. Si le ralentissement attendu dans l’Union européenne s’avérait plus fort que prévu, cela pourrait entraver les exportations. De même, une envolée des prix des produits alimentaires et non alimentaires entraînerait des tensions inflationnistes et une détérioration de la situation budgétaire.

Changement climatique et options de politiques publiques

Le financement cumulé nécessaire pour répondre de manière adéquate au changement climatique est estimé à 93,91 milliards d’USD sur la période 2020–30. Les coûts de l’adaptation sont estimés à 40 milliards d’USD, les coûts d’atténuation à 38,8 milliards d’USD et les coûts des dommages à 15,1 milliards d’USD. L’investissement privé a été substantiel : 17 % du financement climatique en 2019–20, principalement dans des projets d’adaptation tels que les énergies renouvelables. La plupart des projets d’adaptation au changement climatique ont été soutenus par des fonds publics, car l’investissement privé dans l’adaptation se heurte à des obstacles tels que l’estimation des coûts, les attentes de rendements et les risques, ainsi que la classification actuelle des mesures d’adaptation, trop étroite. Pour libérer le potentiel des acteurs privés dans des projets tels que le dessalement de l’eau de mer, l’agriculture intelligente face au climat et l’assurance, le pays pourrait adopter une classification nationale verte plus large et un système public de réduction des risques. En outre, le financement privé pourrait ancrer davantage la croissance verte en utilisant le capital naturel. Son littoral méditerranéen et sa façade atlantique font du Maroc l’un des premiers producteurs de poisson d’Afrique. Pour rendre le secteur de la pêche encore plus durable, le pays a développé un système de reddition de comptes environnemental et économique, et sa « Stratégie bleue » vise à développer des pôles côtiers. Le Maroc bénéficie également du plus vaste couvert forestier d’Afrique du Nord.

Source : Perspectives économiques en Afrique (AEO) 2023

Perspectives économiques en Afrique2023

 Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique