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Perspectives économiques au Cameroun

Développements macroéconomiques récents

Le taux de croissance du PIB réel du Cameroun s’est établi à 3,4 % en 2022 contre 3,6 en 2021, en raison notamment de la poursuite des investissements et d’un regain de l’activité non pétrolière. Estimée initialement à 5,5 % en 2022, l’inflation a atteint 6,2 % – un taux supérieur à la norme communautaire fixée à 3 % – contre 2,3 % en 2021. Cette hausse s’explique en grande partie par la forte augmentation des coûts d’importation. La maîtrise des pressions inflationnistes persistantes au sein de la zone CEMAC a conduit à un resserrement de la politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique centrale. Le taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) a ainsi été augmenté à deux reprises, passant de 3,5 % à 4 % en mars 2022 et à 4,5 % en septembre 2022.

Le solde budgétaire s’est amélioré, passant de –2,4 % du PIB en 2021 à –1,9 % en 2022. Le déficit du compte courant a quant à lui atteint 1,7 % du PIB en 2022, contre 4,0 % en 2021. Le taux d’endettement public est proche de 45,8 % du PIB en 2023 et le profil de la dette continue de présenter un risque élevé de surendettement selon le FMI. Le FMI a estimé en août 2022 que le système bancaire et financier était « de plus en plus fragile » en raison notamment du pourcentage de prêts non performants atteignant près de 15 % du total des prêts bruts, et de la forte exposition du système bancaire à l’encours des crédits des entreprises publiques estimé à 478 milliards FCFA en 2021. L’incidence de la pauvreté est estimée à 37,5 % en 2014, contre 39,9 % en 2007, selon la toute dernière évaluation nationale de 2014.

Perspectives et risques

Le taux de croissance du PIB devrait atteindre 4,2 % en 2023 et 4,5 % en 2024 grâce à l’amélioration progressive de la conjoncture internationale, l’augmentation de la production nationale de gaz et des cours mondiaux des produits de base. L’inflation devrait baisser progressivement et atteindre 5,9 % en 2023 et 3,3 % en 2024 grâce à la poursuite du resserrement de la politique monétaire par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Le solde budgétaire pourrait s’établir à –0,8 % et –0,6 % du PIB en 2023 et 2024, avec un solde du compte courant de –2,9 % en 2023 et –3,1 % en 2024. Les perspectives toujours favorables sont susceptibles d’être affectées par les effets des tensions géopolitiques, notamment l’invasion de l’Ukraine par la Russie1. En effet, la persistance de ce conflit et les risques et vulnérabilités qu’il génère renforcent les incertitudes pesant sur le bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement de produits, notamment énergétiques.

Changement climatique et options de politiques publiques

La contribution du secteur privé au financement de la croissance verte s’avère nécessaire au regard des défis et des montants à mobiliser. Selon la CDN actualisée du Cameroun, le coût total des investissements à réaliser pour atteindre les objectifs escomptés en 2030 s’élève à 57 640 millions USD. Sur la période 2015–2020, le Cameroun n’a pu mobiliser que 162,35 millions USD dans le cadre des engagements de l’Accord de Paris. Sur un engagement de $380 millions pour le financement climatique au Cameroun, seulement 3 % proviennent du secteur privé. La participation de ce secteur devient l’un des principaux défis dans la mise en oeuvre des actions climatiques à travers le recours à des instruments de financement climatiques tels que les obligations et les fonds verts pour le climat.

Le Cameroun pourrait également tirer profit de son important capital naturel comme alternative au financement du climat et de la croissance verte. Le pays est fortement doté en ressources naturelles, insuffisamment utilisées pour servir de levier au financement de la croissance verte. Des actions visant à réduire le commerce et les flux illicites portant sur l’exploitation des ressources naturelles et une meilleure gouvernance de ces dernières pourraient permettre de dégager des revenus plus importants pour le financement de la croissance verte au Cameroun.

Source : Perspectives économiques en Afrique (AEO) 2023

Perspectives économiques en Afrique2023

 Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique